Pas le coeur d'écrire à la troisième personne aujourd'hui. La petite voix négative a la tchatche dans ma tête. La voix positive est aux abonnés absents.
Autour de moi, les annonces tombent: début des essais, grossesses et naissance, tout est là en cette semaine qui ne fait pourtant que commencer. Je suis très heureuse pour tous ces couples, en particulier ceux qui ont galéré pour en arriver là. Pourtant, toute seule sur le côté de la route, je me noie, dans mes larmes, dans ma douleur.
Ma tête me rappelle que nous n'en sommes nulle part, que nous avons encore une multitude de solutions médicales devant nous. Mais aujourd'hui, rien ne peut consoler mon coeur. Les premières annonces sont-elles les plus difficiles à gérer ou est-ce que ça empire au fil du temps? Apprend-on à gérer ces situations? La tête prend-elle le pas sur le coeur à un moment? Quand je vois les parcours beaucoup plus difficiles et longs d'autres couples, je m'en veux de ne pas être plus forte. Je me sens une amie merdique quand j'hésite à aller voir mon amie (et sa soeur enceinte) à la maternité. Certains me diront, à raison je pense, que je me noie dans un verre d'eau. Mais à ce jour, je n'ai pas trouvé les lunettes me permettant de voir au delà des parois de mon petit verre.
J'analyse et je sur-analyse les maigres données en ma possession càd un unique spermogramme pour chéri et des infections et douleurs rénales inexpliquées pour moi.
Le spermogramme en plus de détails:
Volume: 4ml --> super
Concentration: 16 millions/ ml --> ok pour la norme OMS 2010 (limite à 15 millions) mais KO pour la norme 1999 (limite à 20 millions)
Nombre total: 64 millions --> ok pour les deux normes (limite à 40 millions) mais quand même vachement plus bas que la moyenne
Mobilité progressive: 37% --> ok pour la norme OMS 2010 (limite à 32%) mais KO pour la norme 1999 (limite à 50%)
Morphologie: 3% --> KO pour les 2 normes (limite à 4% en 2010, à 15% en 1999)
Même si on est (presque) ok par rapport à la norme la plus récente, je ne peux m'empêcher de penser que ce n'est pas du tout ou rien et qu'on est quand même limite (limite de quoi, bonne question). Et donc là, malgré les propos rassurants de la doc et de Magic Gygy, j'angoisse. A tort ou à raison? Aucune idée. Peut-être est-ce ça le pire?
De mon côté: sur les 4 dernières années, 2 passages aux urgences pour de grosses douleurs aux reins et sang (beaucoup!) dans les urines + douleurs régulières aux reins (grosses douleurs dans le bas du dos) sans diagnostique. Aucun accord de la sphère médicale sur ce fameux diagnostique: premier diagnostique, pierres au rein. En deuxième position nous avons la néphrite (= cystite mais au niveau de reins selon les explications du doc ayant posé ce diagnostique), l'endométriose (car autres signes), proposition de diagnostique la plus récente, complète le podium.
Je devrais lâcher prise avant le rdv avec le professeur je ne fais que me torturer et ça ne sert à rien mais je n'y arrive pas. Ma tête fonctionne à toute allure. J'ai besoin de comprendre, de reprendre le contrôle de la situation. C'est pas gagné tout ça.
Paraît que je dois rester positive (le coup de "c'est dans la tête", vous voyez?). Mais après 15 cycles négatifs, je n'espère plus que ça fonctionne au 16è essai sans avoir rien changé à la donne. Biquet est persuadé qu'il y a juste qu'un petit problème avec Biquette et qu'une fois résolu, ils retrouveront une fertilité de jeunes premiers. J'aimerais y croire.
Mais il est où le bouton off sur la biquette?
(soit dit en passant, je me sens déjà mieux d'avoir écrit tout ça)